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Cap sur la ménopause : Hormonothérapie et santé cardiovasculaire des femmes

Céline Fiset, B Pharm, PhD
Catherine Martel, PhD

Par : (de g. à d.) Céline Fiset, B Pharm, PhD1,2 et Catherine Martel, PhD1,3

1Centre de recherche, Institut de Cardiologie de Montréal, Montréal, Québec, Canada  /  2Faculté de Pharmacie, Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada  /  3Faculté de Médecine, Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada

L’athérosclérose, principale cause des maladies cardiovasculaires, se caractérise par des taux de lipides circulants augmentés, une réponse inflammatoire excessive et une accumulation de cholestérol dans les parois artérielles. Plusieurs facteurs qu’ils soient extrinsèques tels que le mode vie, ou intrinsèques, tels que la génétique, influent sur le risque de développer cette maladie inflammatoire chronique et ses conséquences cliniques aiguës tout au long de la vie. Chez les femmes ménopausées, le risque de maladies cardiovasculaires augmente considérablement. De plus, les femmes âgées de 45-74 ans présentent un risque accru de décès par infarctus aigu du myocarde de 30% par rapport aux hommes. La ménopause marque une transition majeure dans la vie d’une femme, caractérisée par l’arrêt naturel des menstruations et d’importants changements hormonaux, notamment une diminution des taux d’œstrogènes et de progestérone. Cette baisse hormonale peut avoir un impact significatif sur la santé cardiovasculaire. Les œstrogènes, en particulier, jouent un rôle crucial dans le maintien de la fonction vasculaire. Ils favorisent la dilatation des artères, régulent les niveaux de cholestérol et ont des effets anti-inflammatoires sur la paroi vasculaire. Ainsi, la diminution des œstrogènes est à l’origine du risque accru de problèmes cardiovasculaires chez les femmes après la ménopause.

Concernant l’hormonothérapie, aussi appelée thérapie hormonale substitutive (THS), son impact sur le risque cardiovasculaire fait l’objet de recherches continues. Il est important de noter que le moment de début de la THS joue un rôle crucial. Le THS semble réduire le risque d’événements cardiovasculaires indésirables chez les femmes ayant eu une ménopause précoce (avant 45 ans). Par contre, selon les données récentes de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), les femmes qui commencent un THS combiné 10 ans ou plus après la ménopause présentent un risque accru de problèmes cardiovasculaires, y compris d’accident vasculaire cérébral (AVC), contrairement à celles qui débutent un THS tôt (dans la limite de 10 ans) et la poursuivent. Cependant, bien que le TSH est indiqué pour soulager les symptômes de la ménopause, il n’est pas recommandé pour la prévention des maladies cardiovasculaires, malgré les bénéfices potentiels sur le profil lipidique et la fonction vasculaire.

À la lumière de ces données, il est impératif de surveiller régulièrement la santé cardiovasculaire des femmes pendant la ménopause et de traiter les anomalies modulables, telles que les taux de lipides circulants, si elles surviennent. Les femmes doivent discuter des avantages et des risques de l’hormonothérapie avec leur médecin, en tenant compte de leurs antécédents médicaux et de leur profil de risque cardiovasculaire.

 

Références

  1. J Obstet Gynaecol Can 2021;43(12):1444−1449
  2. Coeur et AVC Canada (https://www.coeuretavc.ca)
  3. Rapport du Système canadien de surveillance des maladies chroniques : Les maladies du cœur au Canada, 2018
  4. S. Preventive Services Task Force, Grossman DC, Curry SJ, et al. Hormone Therapy for the Primary Prevention of Chronic Conditions in Postmenopausal Women: US Preventive Services Task Force Recommendation Statement. JAMA 2017;318:2224–33.7.

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