Témoignages

Le diabète

Par : Dre Ojistoh Horn, médecin de famille, Akwesasne Medical Clinic.          

Dre Ojistoh Horn

Le diabète est un problème de santé chez les peuples autochtones du monde entier. De nombreuses informations décrivent les symptômes, les moyens de le diagnostiquer et de le traiter. Ces paragraphes visent à décrire le diabète d’un point de vue autochtone, selon les « modes de connaissance ».

Le monde entier prend enfin conscience des conséquences de la mauvaise gestion de la source d’énergie la plus disponible de la planète, le pétrole. Un profond déséquilibre a été créé par la transformation des terres et de leurs ressources en marchandises, par l’éloignement des populations de leurs terres et de leur capacité à prendre soin d’elles-mêmes pour devenir tributaires d’une économie dans laquelle il est difficile de s’épanouir, et par l’éloignement de toute relation entre l’humanité et l’ensemble des êtres vivants. Ce qu’on appelle couramment les changements climatiques sont en fait la perturbation du grand équilibre ou l’homéostasie qui existe sur notre Terre en raison de la colonisation, du capitalisme et de la mondialisation. Les relations, la réciprocité, le fait de ne pas prendre plus que nécessaire et de se projeter dans l’avenir sont des « modes de connaissance » autochtones qui ont permis de maintenir le grand équilibre sur la terre dont nous prenons soin.

Mais un grand équilibre doit également être maintenu dans notre corps. Le diabète est un état physiologique de profond déséquilibre et d’incapacité du corps à gérer son principal carburant, ou source d’énergie, le glucose. Plus précisément, le mouvement du glucose dans le sang à travers les vaisseaux vers les muscles et les organes du corps est perturbé parce qu’il n’y a pas une quantité efficiente ou adéquate d’insuline – la molécule qui déplace le glucose entre les tissus. L’hyperglycémie chronique dans les vaisseaux sanguins provoque une inflammation, qui entraîne des blocages rendant encore plus difficile l’acheminement de l’oxygène et d’autres substances importantes vers les tissus. L’insuffisance d’oxygène et de glucose dans les neurones est appelée neuropathie, dans les reins, néphropathie, et dans les yeux, rétinopathie. Les dommages causés aux vaisseaux augmentent la pression artérielle, provoquent des accidents vasculaires cérébraux et des maladies cardiaques, et empêchent la cicatrisation des plaies ou des ulcères de la peau. Tous les systèmes de l’organisme sont liés.

Faute de pouvoir perpétuer nos cultures, de nous nourrir et de travailler physiquement comme le faisaient nos ancêtres, d’accomplir les cérémonies qui réaffirment nos relations entre nous, avec les autres êtres vivants et avec la terre, l’eau, la glace et l’air, nous avons eu du mal à maintenir le grand équilibre ou la grande homéostasie à l’extérieur et à l’intérieur de notre corps. Les maladies d’aujourd’hui sont la conséquence de l’incapacité progressive de notre corps à maintenir l’homéostasie et l’équilibre intérieurs. Les changements climatiques sont la conséquence de l’incapacité progressive de notre Terre mère à maintenir sa grande homéostasie et son équilibre. Le diabète est la maladie de notre peuple qui reflète la santé de notre mère, la Terre. Nous sommes tous liés.

Information: https://www.diabetes.ca/

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Pour avoir moi-même vécu une chirurgie bariatrique …

Par : Dre Isabelle Labonté, interniste, Institut universitaire de pneumologie et de cardiologie de Québec (IUCPQ).

Dr Labonte
Dre Isabelle Labonté

Pourquoi pas moi ? C’est la réflexion que je me suis faite il y a environ un an maintenant. Je suis interniste à l’IUCPQ-UL et grandement impliquée en médecine bariatrique. J’essaie d’aider les patients avec une obésité et de disséminer mes connaissances sur sa prise en charge.

Au cours des dernières années j’ai réalisé que je faisais partie de ce groupe de patients à risque de nombreuses maladies dont la durée de vie et la durée de vie en bonne santé sont écourtées. C’est un constat très troublant. Ça fait peur toutes ces comorbidités métaboliques, ces risques cardiovasculaires et ces 14 cancers identifiés avec un excès de risque ! Mais il n’y a pas que ça !

Dans mes activités professionnelles je me sentais de moins en moins crédible. Malgré mes connaissances sur le sujet, l’essai de diverses médications et tellement d’efforts sur les habitudes de vie, je n’y arrivais pas ! Qui croirait et appliquerait mes enseignements ?

J’ai fait mon premier régime à 14 ans. J’ai fait du sport toute ma vie. Allant de 24h de natation de compétition/semaine avec soccer et vélo jusqu’à courir 10 km malgré mon obésité. Et qu’est-ce que j’ai eu faim dans ma vie ! Ces foutues hormones qui ouvrent l’appétit et qui augmentent alors que toi tu te prives et que tu t’actives ! La célèbre phrase d’Obélix : Quand l’appétit va tout va, n’est pas facile à vivre pour tous! Et que dire de mon métabolisme basal qui a diminué tellement bas qu’il est presque entré en collision avec le noyau de la terre ! Venant d’une famille d’obèses mes gènes n’ont sûrement pas aidé ! J’ai pleuré tellement de fois. Intimidation, insuccès auprès des garçons, jugement, déceptions ont jalonné mon enfance, mon adolescence et ma vie adulte.

Après avoir côtoyé des patients opérés avec succès dont ma sœur, après avoir lu sur divers sujets en obésité, après avoir commencé à porter un CPAP pour l’apnée du sommeil, après avoir réalisé que je devais tirer la rampe d’escalier à chaque pas afin de monter un pallier, je me suis décidé. J’ai décidé de foncer et de me choisir. De choisir de passer à l’action à 53 ans plutôt que d’attendre d’en avoir 60 ou 65 !

Le 27 novembre 2020, avec mon BMI de 45, j’ai fait le grand saut ! J’ai subi une dérivation en Y de Roux afin de retrouver la santé. S’en est suivi un réapprentissage complet de l’alimentation passant par des textures plutôt ennuyantes voir désagréables (je comprends les bébés de ne pas aimer la viande en purée), des ajustements dans les quantités (la bouchée de trop entrainant des reflux et régurgitations). La douleur post-opératoire, la fatigue, la perte de cheveux inévitable, la peau de trop, les angoissants plateaux sont des passages obligés pour l’atteinte du poids santé.

Mais enfin miracle des résultats sur la balance sans souffrir le martyr de la faim ! Après 7 mois d’efforts alimentaires, plus de 300 km de marche, J’ai perdu 80 livres et mon BMI est maintenant de 31. La perte de poids continue mais plus doucement. Reste à sublimer les craintes de regain de poids car dans ma pratique j’en vois chaque semaine !

Malgré tout je n’hésiterais pas un instant à me choisir à nouveau !

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